Les acides gras trans : on en reparle ?

Les acides gras trans d’origine industrielle (voir encart) refont parler d’eux.

 

Après le lancement par l’Organisation Mondiale de la Santé en mai 2018 d’une campagne visant à éliminer les acides gras trans d’origine industrielle dans les aliments[1], l’Union Européenne a adopté récemment un règlement relatif à la limitation de ces mêmes acides gras. Entré en vigueur en mai 2019, ce règlement précise que la teneur en acides gras trans autres que les acides gras trans d’origine naturelle ne doit pas excéder 2 grammes pour 100 grammes de matière grasse dans les denrées alimentaires destinées au consommateur final et à la vente au détail[2].

Une limitation des acides gras trans, dans quel but ?

D’après les études épidémiologiques d’observation et de cohorte, la consommation d’acides gras trans totaux[3] et d’acides gras trans d’origine industrielle à des niveaux élevés augmente significativement le risque de maladies cardiovasculaires. D’où l’importance de limiter leur consommation.

Cette problématique n’est cependant pas nouvelle, puisqu’elle a déjà fait l’objet de recommandations en France au début des années 2000. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (devenue Anses depuis) recommandait alors de limiter au maximum la consommation des acides gras trans totaux, en fixant à 2 % de l’apport énergétique total le niveau de consommation à ne pas dépasser (soit 4,4 g/jour)[4]. Des préconisations avaient également été faites à l’attention des industriels afin de limiter la teneur en acides gras trans totaux pour différentes catégories de produits.

L’étude « Aquitaine »[5] menée par l’ITERG à la fin des années 1990 a d’ailleurs montré que le niveau de consommation moyen en acides gras trans était de 2,7 g/jour par personne (soit 1,3 % de l’apport énergétique total) et qu’il n’avait pas d’incidence sur le risque cardiovasculaire. D’autres travaux de l’ITERG menés sur un biomarqueur de consommation (teneur en acides gras du lait maternel) ont permis de démontrer une diminution de la consommation de ces acides gras trans en France sur la période 1997-2014 (-51 % d’acides gras trans dans le lait maternel)[6].

 

Qu’en est-il des matières grasses végétales consommées en France ?

 

En France, les huiles partiellement hydrogénées sources d’acides gras trans sont principalement utilisées pour la friture des aliments et comme ingrédients dans les produits de boulangerie, dans la plupart des biscuits, barres chocolatées, pâtes à tartiner ou viennoiseries vendus en grandes surfaces.
En revanche, les huiles végétales de nos linéaires telles que les huiles de tournesol, de colza, d’olive, de noix et autres ne font pas appel à l’hydrogénation ; il s’agit d’huiles riches en acides gras monoinsaturés et polyinsaturés dont les effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire sont reconnus.
Les margarines, souvent pointées du doigt par le passé en raison de leur fabrication à partir d’huiles partiellement hydrogénées, sont aujourd’hui totalement exemptes d’acides gras trans, les procédés de fabrication ayant été optimisés au cours des 20 dernières années.

En résumé, les matières grasses végétales (huiles et margarines) commercialisées en France ne sont pas concernées par la problématique des acides gras trans.

 

 

[1] https://www.who.int/nutrition/topics/replace-transfat
[2] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32019R0649&from=EN
[3] Ce terme correspond à la somme des acides gras trans d’origine naturelle et des acides gras trans d’origine industrielle.
[4] https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT-Ra-AGtrans.pdf
[5] Boué et al. 2000. Lipids 35, 561-566 ; Boué-Vaysse et al. 2009. OCL 16(1) : 4-7
[6] Couëdelo et al. 2016 Lipid’Nutri+ n°30 http://www.terresunivia.fr/sites/default/files/Lipid%20Nutri+/ln_n30.pdf