Au vu de données récentes rapportant des effets délétères de certains émulsifiants synthétiques sur la santé métabolique et intestinale, l’utilisation d’additifs au sein des aliments fait l’objet de débats. Cependant, certains émulsifiants naturels, tels que les lécithines végétales, présentent un intérêt particulier.
En effet, il a été montré qu’une supplémentation en lécithines exerce des effets liporégulateurs et anti-inflammatoires, et permettrait d’améliorer l’absorption intestinale des acides gras. En outre, certaines lécithines, comme celles de colza et de soja, offrent l’avantage d’être riches en acide α-linolénique (ALA), oméga 3 essentiel, dont la consommation actuelle en France est 2 fois inférieure aux recommandations. Le potentiel de ces lécithines à améliorer les apports en ALA, comparativement à une huile, est encore méconnu.
Par ailleurs, leur impact en tant qu’ingrédient dans l’alimentation occidentale sur la santé métabolique et intestinale reste mal caractérisé.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet LECIMETA «Les lécithines végétales comme vecteurs d’acide alphalinolénique : impacts métaboliques et inflammatoires associés à sa biodisponibilité intestinale», dont l’objectif était d’évaluer l’intérêt des lécithines végétales en tant que forme de vectorisation de l’acide alpha-linolénique vis-à-vis de l’amélioration de sa biodisponibilité intestinale et périphérique en tenant compte des modifications métaboliques ainsi que des répercussions sur le microbiote intestinal.
Ce projet de recherche réalisé dans le cadre d’une thèse Cifre sur la période 2018-2021, fait partie intégrante du programme de l’UMT «Biodisponibilité Alimentation Lipides Intestin» (BALI) qui associe les deux partenaires du présent projet : l’équipe Nutrition-Santé & Biochimie des Lipides d’ITERG et le laboratoire CarMeN.
Ce projet a permis de montrer que la consommation de lécithines à des doses nutritionnelles (sur du court ou long terme) ne modifie pas la biodisponibilité de l’ALA, par rapport à une huile. En revanche, la lécithine de colza consommée à des doses de supplémentation, induit une augmentation dose-dépendante de l’absorption intestinale de l’ALA, sans induire d’effets néfastes sur la lipidémie postprandiale ou à jeun, ni sur les paramètres métaboliques à court ou à long terme.
En outre, après seulement 5 jours de consommation de lécithines de colza, des effets bénéfiques ont été observés sur le profil du microbiote intestinal (augmentation de l’abondance fécale d’un groupe bactérien associé à des effets anti-inflammatoires).
L’ensemble de ces données précliniques offre des premiers résultats rassurants et encourageants quant à l’utilisation de lécithines végétales en tant qu’émulsifiants dans les aliments. Ainsi, même si elles n’impactent pas la biodisponibilité de l’ALA, elles n’exercent pas d’effets délétères et semblent au contraire pouvoir engendrer des effets bénéfiques sur le microbiote intestinal.
L’ensemble de ces résultats a été présenté par Chloé ROBERT, lors de sa soutenance de thèse le 29 janvier 2021.
Contact : Carole Vaysse, Responsable Nutrition santé & Biochimie des lipides, ITERG.